Toussaint (1er nov.) et Défunts (le 2) - "Halloween": l'inversion satanique de la Toussaint

Publié le par Abbé C. Laffargue

La fête de tous les Saints (1er novembre)
sans oublier ceux qui vont le devenir (2 novembre)

"Moi, Jean, j'ai vu une foule immense... (...) Ils se tenaient devant le Trône et devant l'Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main..."
(Apocalypse 7- Ière lecture).

C'est le trône du Dieu trois fois saint, le Seigneur Dieu de l'univers qui remplit de Sa gloire le ciel et la terre (Sanctus), le créateur des choses visibles et invisibles (Credo), Dieu le Père. Et l'Agneau, c'est l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (Agnus), Dieu le Fils, qui s'est fait chair, le Christ, le messie annoncé par les prophètes, l'agneau qui devait être conduit à la boucherie (Isaïe 53, 7), qui supporterait nos souffrances et serait accablé par nos douleurs (v.4) mais qui, après ces épreuves verrait la Lumière et en serait comblé (v.11).

Voilà pourquoi, ceux qui L'ont suivi, qui se sont mis à sa suite, qui ont renoncé à eux-mêmes, qui ont accepté et pris leur croix (cf Mt 16,24-Mc 8,34-Lc 9,23) sont morts et ressuscités avec Lui, après Lui. Et St Jean de répondre à la question: Tous ces gens vêtus de blanc, qui sont-ils et d'où viennent-ils ? : Ils viennent de la grande épreuve; ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l'agneau. (v.14)

La robe blanche du baptême ("Vous avez revêtu le Christ, ce vêtement blanc en est le signe. Que vos parents et vos amis vous aident à garder intacte la dignité des fils de Dieu, pour la vie éternelle" rituel), l'aube blanche des professions de Foi qui en renouvelle les promesses, l'aube des prêtres et des servants car pour s'approcher des saints mystères il faut être éclairé (avoir la lumière de la Foi) et pur (la flamme de la charité: l'union à Dieu, l'état de grâce). C'est aussi l'autel, revêtu de la nappe du sacrifice pur et saint, du sacrifice parfait, pain sacré de la vie éternelle et calice du salut (Prière eucharistique I, canon romain, traduction actuelle); l'hostie sans tache, immaculée, du Christ qui S'offre à Dieu son Père pour l'expiation de nos péchés et Se donne en nourriture et en boisson...

Voici le peuple immense de ceux qui t'ont cherché (refrain du psaume 23).
"Je crois à la vie éternelle" explique le Catéchisme
(de l'Eglise Catholique, C.E.C. n°1020 à 1037) qui précise que "ceux qui meurent dans la grâce et l'amitié de Dieu (qui sont morts "en état de grâce": sans péché mortel qu'ils n'aient confessé, regretté vraiment) mais imparfaitement purifiés (la faute est effacée, mais ils n'ont pas encore réparé, expié) souffrent après leur mort une purification, afin d'obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du Ciel. L'Eglise appelle purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés (C.E.C. n°1030)
Voilà pourquoi l'Eglise prie intensément, le lendemain de la fête de tous les Saints, pour les âmes du purgatoire pour lesquelles nous sommes invités à faire célébrer des Messes car nous ne savons pas s'ils sont ou non dans la béatitude (C.E.C. n°1032). Les fidèles, d'eux-mêmes, lient les deux jours et se rendent au cimetière pour honorer "leurs morts" et prier pour eux.

Nous sommes loins d'Halloween, de ses squelettes, de ses sorcières, de ses citrouilles, de son monde fantasmagorique où, par une inversion des valeurs le mal devient le bien, le hideux passe pour le beau, l'horreur est à l'honneur, la mort et les morts sont l'objet de dérision" ("Eglise des Pays de l'Ain" n°17 du 19 oct. 2001, p.957).

Pour eux - écrivait Mgr H. Simon, évêque-émérite de Clermont- la mort est une fatalité qu'on peut seulement tourner en dérision. Mais, à la fin, ce sont les squelettes qui ont le dernier mot: ils viennent chez les vivants pour leur annoncer leur destin et les tirer vers le royaume des ténèbres. Pour nous, la mort est une réalité qu'il faut savoir assumer. Mais elle est un passage.

A la suite du Christ ressuscité, nous sommes en route vers la Cité sainte où nous attend la foule immense de ceux que le Seigneur a sanctifiés. (Nov. 2000 in Zenit du 24 oct. 2001).

Nous marchons vers la Jérusalem céleste par le chemin de la Foi, nous hâtons le pas, joyeux de savoir dans la lumière ces enfants de l'Eglise que tu nous donnes en exemple...
(Préface de la Messe de la Toussaint)

"Heureux les pauvres de cœur... Heureux les doux... Heureux ceux qui pleurent...Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice... Heureux les miséricordieux... Heureux les cœurs purs... Heureux les artisans de paix...!"   (Evangile, en saint Matthieu, au chapitre 5)

                                                                                           Abbé Christian LAFFARGUE.

Annexe:
- Cardinal Danneels, archevêque-émérite de Malines-Bruxelles
(Pastoralia d'octobre 2001 in Doc. Cath. du 18 nov.2001, p.1012):                                                                                          (...) "Il est frappant de constater comment, insensiblement, se produit dans notre société un glissement du réel au fantasme (c'est moi qui souligne). Noël devient le Père Noël, Pâques apporte le lièvre de Pâques, et le mercredi des cendres le carnaval. (...)
A défaut d'un monde invisible, authentique, réel, nous nous contentons d'un monde invisible imaginaire, que nous avons nous-mêmes conçu. (...)

La grande différence, c'est que le monde invisible de Dieu et de ses saints est la réalité, tandis que celui d'Halloween ne l'est pas. Que nous avons des frères et des sœurs qui se tiennent autour du trône de l'Agneau, qui vivent dans le monde de Dieu, plus réel que le nôtre. Que la consolation que Dieu nous apporte dépasse infiniment celle des fictions, de récits fantastiques ou d'ombres chinoises. (...) Le meilleur moyen d'échapper à l'"appauvrissement" de la sécularisation est que nous, chrétiens, nous célébrions avec foi et ardeur nos fêtes de Toussaint, des fidèles défunts, de Noël, des Cendres, de Pâques et de la Pentecôte.             A terme, les bons vins n'ont pas besoin de publicité. La fiction peut être captivante; elle ne détient pas le secret du vrai bonheur: elle ne sauve pas."

HALLOWEEN, "l'inversion de la TOUSSAINT"

Cette fête païenne remonte au temps des Gaulois. Il s'agit de la nuit du dieu SAMAIN (31 oct.- 1er nov.) qui ouvrait la nouvelle année par des rites et des cérémonies.
Les druides, prêtres païens, offraient à chaque famille des braises censées protéger le foyer des esprits diaboliques durant l'année à venir. Les prêtres du dieu Samain passaient de maison en maison réclamer des offrandes pour leur dieu. Ils s'éclairaient en portant des navets évidés dans lesquels brûlait de la graisse humaine. Ces navets, sculptés en forme de visage, représentaient l'esprit qui allait rendre efficaces leurs malédictions. En cas de refus, ils proféraient des menaces de mort, d'où le
trick or treat ("si vous ne donnez pas, il vous arrivera malheur") repris par les enfants dans le quémandage de confiseries.

Aujourd'hui, Halloween est la fête la plus importante pour les satanistes du monde entier.  Le 31 octobre est le nouvel an du calendrier des sorciers. Le World book encyclopedia affirme que c'est le commencement de tout ce qui est cold, dark and dead (froid, noir et mort).
Selon les psychologues contemporains, la fonction de cette fête dans nos sociétés serait d'apprivoiser le monde de l'ombre et de permettre aux enfants "de jouer avec la peur de la mort".

Mgr Hippolyte SIMON, évêque-émérite de Clermont-Ferrand, écrit dans son essai "Vers une France païenne?" (éd. Cana) : Halloween et "le père Noël", sous des apparences bon enfant, inversent, en réalité, tous les signes. Avec Halloween on imite les défunts, et leurs "fantômes" reviennent chez nous pour nous faire peur et nous menacer de la mort. A la TOUSSAINT, au contraire, nous attestons que nos défunts sont des vivants et que nous sommes promis à les rejoindre dans la cité de Dieu.
Le
Père Noël est un vieillard, riche à gogo, qui vient saturer nos désirs et nous infantiliser.
En allant à la crèche, à l'inverse, nous trouvons un enfant, tout jeune, pauvre, qui ne nous donne rien mais nous invite à devenir responsables de son avenir et du nôtre.
Terme à terme, tous les signes sont inversés. Il nous faut donc discerner ce que nous voulons proposer aux enfants. Il y va de l'avenir que nous voulons construire avec les jeunes générations.

Dans l'hebdomadaire catholique Famille chrétienne du 28 oct. 1999, p.11 (d'où est tiré la première partie de ce paragraphe), Marie-Joëlle Guillaume écrivait (éditorial):
Il y a mieux à faire, dans un monde déboussolé où le morbide et le désespérant nous guettent à tous les détours des journaux télévisés, qu'à entrer dans le jeu de ce genre de festivités.

Elles sont beaucoup moins innocentes qu'il n'y paraît (...) Avec le spiritisme, la fascination du monde de la mort chez les jeunes, la fête d'Halloween se rattache bel et bien à cette logique de l'ombre qui envahit peu à peu nos sociétés. Or, cette logique de l'ombre n'est pas inévitable. Elle n'a rien non plus d'irrémédiable. Au contraire ! Elle peut et doit être combattue avec succès par la joie de vivre, le rêve heureux, l'imagination créatrice, le goût et l'apprentissage du Beau, et l'éclat de l'Espérance !

Cf aussi le livre La face cachée d'Halloween de Damien Le Guay (éd. du Cerf, 2002) et les travaux du Collectif Non A Halloween (CNAH), 73 bd du Cdt Charcot, 92200 Neuilly (site internet: http//cnah.ifrance.com

Ab. L.

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