La vertu morale de Justice

Publié le par Abbé C. Laffargue

La vertu morale de Justice.

C'est la constante et ferme volonté de donner à Dieu et au prochain ce qui leur est dû (C.E.C. 1807).

Envers Dieu, c'est la vertu de religion. Envers les autres, c'est respecter les droits de chacun. L'homme juste se distingue par la droiture habituelle de ses pensées et la rectitude de sa conduite envers le prochain (Lv 19, 15 - Col 4, 1).

Plus complètement, on peut reprendre de Col 3, 18: "Vous les femmes soyez soumises à votre mari... Vous les hommes, aimez votre femme et ne soyez pas désagréables avec elle. Vous les enfants, obéissez en toute chose à vos parents.... Vous les parents, n'exaspérez pas vos enfants... Vous les esclaves, obéissez en toute chose à vos maîtres d'ici-bas, non pour plaire aux hommes mais en craignant le Seigneur..." à 4,1: "Vous les maîtres, assurez à vos esclaves la justice et l'équité..."

Il s'agit de l'obéissance, mais nous avons le devoir (devoir de justice) d'obéir à nos supérieurs légitimes dans l'ordre voulu par Dieu.

Les parties de la justice: la justice distributive et la justice commutative :

- La justice distributive :

Elle considère les droits de la personne humaine comme membre de la société. Les personnes ont des droits proportionnés à la place qu'elles occupent et aux charges qu'elles remplissent.

Rendez à chacun ce qui lui est dû: à celui-ci l'impôt, à un autre la taxe, à celui-ci le respect, à un autre l'honneur (Romains 13, 7) avec le célèbre: Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu (Mc 12, 17).

> Vice opposé: L'acception des personnes au profit d'une personne et au détriment du bien commun.

- La justice commutative :

Elle règle les relations de personne à personne (cf les contrats mutuels vente-achat: le juste-prix).

Elle traite de la rémunération d'un travail, du travail pour un salaire proportionné, d'un service pour un service équivalent.

La justice commutative exige la restitution lorsqu'elle est lésée, équivalente au tort causé.

> Vice opposé: L'homicide. Le droit à la vie est le premier de tous, le fondement des autres. Tu ne tueras point.

La peine de mort (cf C.E.C. n° 2267) comme "unique moyen praticable pour protéger efficacement de l'injuste agresseur la vie d'êtres humains."

La légitime défense : On a le droit de se défendre, même si en la faisant on provoque la mort de l'agresseur.

Cf aussi la légitime défense par la force militaire (C.E.C. n° 2309). Le Catéchisme rappelle les quatre "éléments traditionnels de la doctrine dite de la guerre juste" et donne de nombreux éléments fort précieux pour respecter la loi morale durant les conflits armés (nn. 2312-2317 avec une belle citation de Gaudium et spes -Vat. II, 78, § 6- à la fin de ce numéro).

L'avortement (cf C.E.C. nn. 2270-2275) et l'infanticide sont des crimes abominables (G.S. 51, § 3). Faute morale grave de même pour les coopérateurs formels sanctionnée par une peine canonique d'excommunication latae sententiae (C.I.C., n°1398).

L'embryon doit être traité comme une personne, défendu, soigné et guéri comme tout être humain (CEC 2274)

L'euthanasie: "Quels que soient les motifs et les moyens, l'euthanasie directe qui consiste à mettre fin à la vie des personnes handicapées, malades ou mourantes, est moralement irrecevable". (C.E.C. n° 2277)

L'acharnement thérapeutique : "La cessation de procédures médicales lourdes, périlleuses, extraordinaires ou disproportionnées avec les résultats attendus, peut être légitime. On ne veut pas donner la mort; on accepte de ne pas pouvoir l'empêcher" (décision prise par le patient ou les ayants droits légaux...) (n° 2278)

Le suicide :

"Nous sommes les intendants et non les propriétaires de la vie que Dieu nous a confiée. Nous n'en disposons pas (n° 2280). Le suicide est gravement contraire au juste amour de soi. Il offense également l'amour du prochain, parce qu'il brise injustement les liens de solidarité avec les sociétés familiale, nationale et humaine à l'égard desquelles nous demeurons obligés. Le suicide est contraire à l'amour du Dieu vivant. (n° 2281)

(...) Commis dans l'intention de servir d'exemple, notamment pour les jeunes, le suicide prend encore la gravité d'un scandale. La coopération volontaire au suicide est contraire à la loi morale.

Des troubles psychiques graves, l'angoisse ou la crainte grave de l'épreuve, de la souffrance ou de la torture peuvent diminuer la responsabilité du suicidaire. (n° 2282)

On ne doit pas désespérer du salut éternel des personnes qui se sont donné la mort. Dieu seul peut leur ménager, par les voies que Lui seul connaît, l'occasion d'une salutaire repentance. L'Eglise prie pour les personnes qui ont attenté à leur vie." (n° 2283)

- De la justice relève les atteintes à l'honneur, à la réputation, à la paix... qui sont des offenses à la vérité

(C.E.C. chap. III du huitième commandement: Tu ne témoigneras pas faussement contre ton prochain, Ex 20,16)

Le faux témoignage et le parjure (n° 2476). "Dans le respect de la réputation des personnes, se rend coupable :

- de jugement téméraire celui qui, même tacitement, admet comme vrai sans fondement suffisant un défaut moral chez le prochain;

- de médisance celui qui, sans raison objectivement valable, dévoile à des personnes qui l'ignorent les défauts et les fautes d'autrui (cf. Si 21, 28);

- de calomnie celui qui, par des propos contraires à la vérité, nuit à la réputation des autres et donne occasion à de faux jugements à leur égard. (n° 2477)

Médisance et calomnie détruisent la réputation et l'honneur du prochain (...) qui jouit d'un droit naturel à l'honneur de son nom, à sa réputation et au respect. Ainsi, la médisance et la calomnie lèsent les vertus de justice et de charité." (n° 2479)

Gravité de ces péchés: véniels en matière légère, mortels en matière grave (de foi ou de mœurs par ex.)

Autres péchés: la flatterie, l'adulation (qui est une faute grave si elle se fait complice de vices ou de péchés graves) ou la complaisance (n° 2480).

La jactance ou vantardise, comme l'ironie qui vise à déprécier quelqu'un en le caricaturant (n° 2481).

Le mensonge (n° 2482) qui peut "devenir mortel quand il lèse gravement les vertus de justice et de charité."

(n° 2484).

"Toute faute commise à l'égard de la justice et de la vérité appelle le devoir de réparation (...) qui concerne aussi bien les fautes commises à l'égard de la réputation d'autrui. Cette réparation, morale et parfois matérielle, doit s'apprécier à la mesure du dommage qui a été causé. Elle oblige en conscience." (n° 2487)

Partie potentielle de la justice :

La vertu de religion a pour objet le culte de Dieu, soit intérieur, soit extérieur.

Dans les actes intérieurs on trouve la dévotion qui est "de se livrer avec empressement à tout ce qui regarde le service divin" (cf les mots dévoué et voué), la prière (en tant qu'acte religieux où l'on adresse des demandes, des requêtes, à Celui qui peut les exaucer): Dieu ne ferait-il pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ?(Luc 18, 7).

Dans les actes extérieurs se place l'adoration où tout notre être se prosterne devant Celui qui est tout avec comme conséquence: la reconnaissance. Conscients alors d'être pécheurs, nous avons des sentiments de pénitence qui nous poussent à la prière. Dans les actes extérieurs, le principal est le sacrifice où nous nous offrons à Dieu en union avec la victime immolée, l'agneau de Dieu, dans des sentiments de réparation et d'adoration.

Le vœu. Dieu appelle certaines âmes à dépasser ce qui est dû à Dieu en stricte justice. C'est une promesse d'une oblation libre et surérogatoire à réaliser dans un avenir proche. Plus qu'une simple promesse, la personne se voue, se consacre pour une œuvre déterminée et pour laquelle elle ne s'appartient plus. Comme le vœu ne s'adresse qu'à Dieu, il est un acte de la vertu de Religion, pour L'honorer et ajouter encore aux hommages qui Lui sont rendus en Justice. (cf Sineux, p. 352)

(Cf les vœux privés et les vœux publics; les vœux temporaires et les vœux perpétuels; les vœux simples qui livre l'usage des biens et des facultés et les vœux solennels où l'on abandonne même la propriété. Cf l'exemple d'un arbre fruitier ou d'un champ...)

La Messe est le sacrifice par excellence de la Loi nouvelle.

Les prières publiques en font partie : l'Office divin (la liturgie des Heures), l'adoration eucharistique (la bénédiction du Saint-Sacrement), les processions, etc...

Les vices opposés: le faux culte du vrai Dieu (les superstitions, les "dévotions" non reconnues par l'Eglise, etc...), le vrai culte d'un faux Dieu (l'idolâtrie, le fétichisme, telle image ou statue "miraculeuse", la divination (astrologie, chiromancie, cartomancie, spiritisme, etc...), les vaines observances (les superstitions: portes bonheur, mauvais sorts, etc...), l'irréligion qui affiche le mépris ou la haine de Dieu, le parjure, le sacrilège (léser les choses sacrées), la simonie (vouloir acheter ou vendre des choses saintes: dons, sacrements...).

Dans les vices opposés, il faut compter les atteintes à l'honneur, à la réputation, à la paix...

Les vertus annexes à la justice: la piété filiale, la gratitude ou reconnaissance, la vengeance ou répression,, la véracité, l'affabilité, la libéralité (ses opposés: l'avarice et la prodigalité). (cf Sineux, pp. 369 à 395)

Le don du Saint-Esprit correspondant: le don de piété car tous ceux qui se laissent conduire par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu (Romains 8, 14). Nous sommes enfants de Dieu... (v. 16)

Notre Père... Cette piété filiale transforme les rapports avec Dieu.

La béatitude correspondante : Bienheureux les doux, car ils possèderont la terre (Mt 5, 5).

Abbé Christian LAFFARGUE.

Janvier 2015.

Publié dans Morale

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