Famille (fête de la Sainte) dans l'octave de Noël

Publié le par abbé C. Laffargue

Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph (Année liturgique A)

Temps liturgique de Noël)

Basilique du Sanctuaire Notre-Dame Libératrice de Montligeon (Orne)

29 décembre 2013

Homélie de M. l'abbé Christian Laffargue, chapelain.

Ils trouvèrent Marie et Joseph avec le nouveau-né couché dans une crèche (ou mangeoire).

(Luc 2, 16 - Introït)

Au Nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit…

C'est par cette scène de la Nativité où l'on voit les bergers alertés par un ange du Seigneur que dans la ville de David leur était né un Sauveur qui est le Christ Seigneur (Lc 2; 9, 11) que commence la messe de la fête de la famille modèle, Joseph, Marie et Jésus: des parents et un enfant. Certes, me direz-vous, c'est miraculeusement que Marie a conçu (Lc 1, 34-35), mais un vrai amour l'unissait à Joseph, et, tous deux, étaient unis dans l'Amour et la Volonté de Dieu.

Il faut remarquer que Joseph était bien considéré comme le chef de famille. Ce n'est pas Marie qui lui apprit l'annonce de l'archange Gabriel, c'est Dieu Lui-même par un ange (Mt 1, 20: Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse…) qui lui demande de lui donner le nom de Jésus, "le Seigneur sauve" (v. 21). C'est encore Joseph qui conduit Marie son épouse, près d'accoucher, de Nazareth à Bethléem, la ville de David pour se faire recenser (Lc 2, 4-5). C'est à lui encore que l'ange apparaît en songe pour qu'il prenne l'enfant et sa mère pour fuir en Egypte et échapper ainsi à la fureur d'Hérode (Mt 2, 13 – Evangile) et pour lui demander de revenir : Lève-toi; prends l'enfant et sa mère, et pars pour le pays d'Israël…(v. 20)

Pour la présentation de Jésus au Temple (4ème mystère joyeux du Rosaire), Saint Luc parle toujours des parents de Jésus (Lc 2; 22, 27 et 33). Pour la perte et le recouvrement de Jésus au Temple (5ème mystère), aussi (vv. 43 et 48), même si c'est la Vierge Marie qui lui parle: Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ?Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ?- Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth , et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son cœur tous ces évènements. (v. 51)

Tous sont dans l'obéissance, la foi, l'amour et le silence.

Le silence est l'une des "leçons de Nazareth" que le Pape Paul VI tirait de la vie familiale de Jésus: "Que renaisse en nous l'esprit du silence, cette admirable et indispensable condition de l'esprit, en nous qui sommes assaillis par tant de clameurs, de fracas et de cris dans notre vie moderne, bruyante et hypersensibilisée" dit le Pape.

"Ô silence de Nazareth, enseigne-nous le recueillement, l'intériorité, la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres; enseigne-nous le besoin et la valeur des préparations, de l'étude, de la méditation, de la vie personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul voit dans le secret."

Le silence, dans la maison familiale, favorise ou, en son absence, empêche le silence intérieur et la paix qui en découle. Le silence c'est d'abord d'éteindre les diffuseurs des bruits, des conflits et des drames du monde entier: télévision, ordinateurs, téléphones portables qui sonnent à tout va… Quand on veut favoriser la communauté familiale – comme toute communauté – on lutte contre un individualisme souvent égoïste, indifférent aux autres. On ne s'isole pas dans son coin, à ses occupations agréables, "à ses contacts", comme font les jeunes laissés libres, - et qui, souvent, ne restent à table que le temps de grignoter ou d'engloutir ce que la fantaisie ou l'humeur trouvent à leur goût, puis disparaissent impoliment. Au contraire, on privilégie la compagnie de ceux qu'on devrait aimer, après Dieu, par-dessus tout: ses parents; sans oublier les grands-parents, les frères et sœurs, les cousins, etc.

C'est le quatrième commandement de Dieu : Honore ton père et ta mère (Ex 20, 12). Le Sage, fils de Sirac, deux siècles avant le Christ, écrit dans la Ière lecture de cette Messe: Le Seigneur a voulu que les enfants respectent leur père, il a établi l'autorité de la mère sur ses fils. Qui respecte son père obtient le pardon de ses péchés; qui honore sa mère amasse un trésor. (Si 3, 2-3) Il n'oublie pas le respect et l'amour de ses parents quand ils vieillissent, et comme c'est un rappel toujours actuel: Mon enfant, prends soin de ton père lorsqu'il sera devenu vieux; aussi longtemps qu'il vivra, ne lui cause pas de peine. Même si son esprit l'abandonne, sois indulgent, ne le méprise pas parce que tu te sens toi en pleine force. Le bien que tu auras fait à ton père ne sera pas oublié, il te sera compté comme une réparation de tes péchés. (vv. 12-14)

Le Catéchisme est aussi très clair: Le quatrième commandement indique l'ordre de la charité. Dieu a voulu qu'après Lui, nous honorions nos parents à qui nous devons la vie et qui nous ont transmis la connaissance de Dieu. Nous sommes tenus d'honorer et de respecter tous ceux que Dieu, pour notre bien, a revêtus de son autorité. (C.E.C. n° 2197) Honorer…, respecter… Cela vaut aussi envers les prêtres.

Vous pourrez lire ou relire – et ce fut, c'est toujours, et ce sera demain d'actualité au moment des élections ! – ce que le Catéchisme de l'Eglise Catholique rappelle, à l'aune du bon sens, sur la nature de la famille: Un homme et une femme unis en mariage forment avec leurs enfants une famille. Cette disposition précède toute reconnaissance par l'autorité publique; elle s'impose à elle. (n° 2202) Ceci est de droit naturel, c'est un rappel de la nature créée. Mais l'Eglise, dans l'ordre surnaturel, rappelle comment la grâce divine a enrichi - surélevée pourrait-on dire - la famille : La famille chrétienne est une communion de personnes, trace et image de la communion du Père et du Fils dans l'Esprit Saint. Son activité procréatrice et éducative est le reflet de l'œuvre créatrice du Père.

Elle est appelée à partager la prière et le sacrifice du Christ… La famille chrétienne est évangélisatrice et missionnaire. (n° 2205)

L'Eglise rappelle que la famille est la cellule originelle de la vie sociale (n° 2207). On dit aussi: "la cellule de base de la société". Plus de famille : plus de société. L'infécondité, la vie solitaire, son égoïsme et ses vices… Chacun pourra lire ou relire le chapitre sur les Devoirs des enfants (2214-2220), les Devoirs des parents (nn. 2221- 2231) et même les Devoirs des autorités civiles (2235-2237) et les devoirs des citoyens (2238-2243).

Une famille est née d'un amour: l'amour d'un homme et d'une femme. Et le fruit de cet amour, c'est l'enfant. C'est à juste titre que l'Eglise, notre Mère, fruit aussi de l'Amour du Christ pour ses enfants, a choisi comme IIème lecture la lettre de Saint Paul aux chrétiens de Colosses, où l'Apôtre fait cette belle recommandation: Revêtez-vous de tendresse et de bonté, d'humilité, de douceur et de patience.

Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonné: pardonnez vous aussi. Avec cette belle finale: Par-dessus tout cela, revêtez-vous de la charité qui est le lien de la perfection. Alors, la paix du Christ règnera dans vos cœurs. (Col. 3, 12-15).

Si la foi dans le Christ, Jésus-sauveur, fils de Dieu, règne dans le cœur des membres d'une famille (signifiée par une croix bien en vue dans la maison évidemment bénite), avec la dévotion et la prière à la Sainte Vierge Marie (signifiée par une statuette, un tableau, une belle image), alors le Mal restera dehors, dans le monde.

Si les parents et les enfants sont sanctifiés par la confession fréquente et la présence souvent invitée des prêtres de Jésus-Christ (qui est, en soi, un sacramental, un exorcisme), la grâce divine imprègnera la maison…

Nous pouvons reprendre les Prières d'intercession des vêpres de la fête de la Sainte Famille qui contiennent tout ce que nous devons demander à Dieu en ce jour et tous les jours:

Le Fils de Dieu a daigné naître dans une famille humaine…

- Ô Christ, par le mystère de ta soumission envers Marie et Joseph; enseigne à tous le respect et l'obéissance envers ceux qui commandent à bon droit.

- Tu as aimé tes parents et tes parents t'ont aimé: établis les familles dans la paix et la charité mutuelle.

- … Fais qu'en toute maison Dieu soit honoré.

- … Apprends à tous les hommes à rechercher d'abord le Royaume de Dieu.

- Ô Christ, tu as réuni avec Toi Marie et Joseph dans la gloire du ciel: accueille les défunts dans la famille des bienheureux.

Terminons et faisons nôtre la Prière sur les offrandes de cette Messe :

En T'offrant, Seigneur, le sacrifice qui nous réconcilie avec toi, nous te supplions humblement: à la prière de la Vierge Marie, Mère de Dieu, et à la prière de Saint Joseph, affermis nos familles dans ta grâce et la paix. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur…

Au Nom du Père…

Abbé Christian LAFFARGUE.

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