Vertu et don de Force

Publié le par Abbé Laffargue

Nous avons publié, dans le Bulletin paroissial du 5 août, un article sur le don de Force d'après François Carvajal.

En voici un autre sur la Vertu et le don de Force.

 

La vertu de Force est une vertu morale.

Il existe des vertus naturelles qui sont des habitudes bonnes, acquises par des actes fréquemment répétés qui facilitent la pratique du bien. Ainsi, les incroyants et les païens peuvent, avec le concours naturel de Dieu (qu'ils ne connaissent pas mais qui les aiment et les assistent comme toute créature) acquérir les vertus morales de prudence, de justice et de tempérance et s'y perfectionner.

On distingue les vertus morales des vertus intellectuelles qui, elles, perfectionnent notre intelligence, sans rapport avec la vie morale; et des vertus théologales (la Foi, l'Espérance et la Charité) qui ont Dieu pour objet.

Les vertus morales peuvent se regrouper en quatre vertus cardinales ( du latin cardines: gonds) car elles sont comme des gonds sur lesquels s'appuient les autres.

Elles répondent à tous les besoins de notre âme:

- pour choisir les moyens nécessaires ou utiles à notre fin surnaturelle (le salut de notre âme, la béatitude): la Prudence; en respectant les droits d'autrui: la Justice; pour défendre notre personne et nos biens contre les dangers, sans crainte ni violence: la Force; pour user des biens de ce monde et des plaisirs sans dépasser la mesure: la Tempérance.

Elles perfectionnent les facultés morales: l'intelligence est réglée par la prudence, la volonté par la justice, l'appétit irascible (désir vers les biens ardus) par la force, l'appétit concupiscible (désir vers les biens sensibles) par la tempérance.

Les vertus moraless'appliquent à garder le juste milieu entre les excès opposés (in medio stat virtus). Elles suivent les règles tracées par la droite raison éclairée par la foi. Ce n'est pas un creux, mais un sommet. Ce n'est pas le cas des vertus théologales dont l'exercice n'a pas de limites: La mesure d'aimer Dieu – dit Saint Bernard – c'est de L'aimer sans mesure.

Notons enfin que la vertu de justice a pour annexes les vertus de religion (rendre à Dieu le culte qui Lui est dû) et d'obéissance (rendre aux supérieurs la soumission qui leur est due) et la vertu de tempérance: la chasteté, l'humilité, la douceur.

 

La vertu de Force.

   C'est une vertu morale surnaturelle qui affermit l'âme dans la poursuite du bien ardu ou difficile, sans se laisser ébranler par la peur ni par la crainte de la mort.

   Son objet est de réprimer la crainte et de modérer l'audace qui pourrait mener à la témérité.

   Ses actes sont doubles. D'abord, la vertu de force permet d'entreprendre et d'exécuter des choses difficiles (ce qui suppose la décision, le courage, la constance pour aller jusqu'au bout). Ensuite, elle permet de souffrir pour Dieu les souffrances, les maladies, les moqueries, les calomnies dont on pourrait être victime.

 

Les vertus alliées de la force:

1- La magnanimité (la grandeur d'âme ou noblesse de caractère) qui est une disposition généreuse à entreprendre de grandes choses pour Dieu et pour le prochain. Elle s'oppose à l'ambition, essentiellement égoïste, qui cherche à s'élever au-dessus des autres par le pouvoir et les honneurs. Le désintéressement est le propre de la magnanimité. Le défaut opposé est la pusillanimité, qui, par crainte excessive de l'échec, hésite et demeure dans l'inaction.

2- La munificence ou magnificence qui porte à accomplir de grandes œuvres, même si les dépenses sont grandes. Ce n'est ni l'ambition ou l'orgueil qui inspirent ces œuvres, mais la vertu qui a pour but la gloire de Dieu et le bien d'autrui. Vertu recommandée aux riches pour leur montrer le meilleur emploi des biens que la Providence leur a confiés.

Les défauts opposés:

- La mesquinerie (lésinerie, radinerie) qui calcule exagérément tout don, les restreint, les conditionne.

- La profusion ou prodigalité qui pousse à l'excès, sans compter, de façon disproportionnée.

C'est la vertu de prudence (et non une prudence tout  humaine) qui fera l'équilibre.

3- La patience. C'est une vertu surnaturelle qui nous fait supporter avec égalité d'âme, par amour pour Dieu et en union avec Jésus-Christ, les souffrances physiques ou morales, à l'exemple des saints.

(Cf. Saint François de Sales, Introduction à la vie dévote, 3ème Partie, chapitre III: "C'est le grand bonheur de l'homme que de posséder son âme; et à mesure que la patience est plus parfaite, nous possédons plus parfaitement nos âmes.")

4- La constanceconsiste à lutter et à souffrir jusqu'au bout, sans succomber à la lassitude, au découragement ou à la mollesse.

 

Le don de force.

   C'est un don qui perfectionne la vertu de force en donnant à la volonté une impulsion et une énergie qui lui permet de faire ou de souffrir allègrement et intrépidement de grandes choses malgré tous les obstacles.

Rappelons que la vertu est acquise grâce à nos efforts aidés par la grâce divine; tandis que le don est une action particulière du Saint-Esprit.

Le don de force permet d'agir (entreprendre sans hésitation ni crainte les choses les plus ardues) et de souffrir ou de supporter les épreuves physiques, morales ou spirituelles. Le don de force permet aussi de conserver l'état de grâce, même au prix de grands combats, comme pour la chasteté, la fidélité conjugale, etc

Ab. L.

d'après Tanquerey, Précis de théologie ascétique et mystique.

(Bulletin paroissial de Tossiat du 12 août 2012)

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