La transfiguration (Mc 9, 2) - 2ème dimanche de carême

Publié le par Abbé C. Laffargue

Bulletin dominical du 25 février 2018 (13ème année)

2ème dimanche de Carême (B).

 

LES TEXTES DE LA MESSE

 

            Et il fut transfiguré devant eux.

            (Marc 9, 2 – Evangile)

 

    C'est le quatrième mystère lumineux que nous sommes invités à méditer et à contempler en ce dimanche. C'est une épiphanie qui annonce la résurrection à venir et qui nous donne du courage pour continuer la lutte contre le démon, comme le Christ l'a offerte à Pierre, Jacques et Jean.

 

Le Pape Saint Léon le Grand (+461) en fait un très beau commentaire : Le Seigneur découvre sa gloire devant les témoins qu'il a choisis… Par cette transfiguration, il voulait avant tout prémunir ses disciples contre le scandale de la croix et, en leur révélant toute la grandeur de sa dignité cachée, empêcher que les abaissements de sa passion volontaire ne bouleversent leur foi. Mais il ne prévoyait pas moins de fonder l'espérance de l'Eglise, en faisant découvrir à tout le corps du Christ quelle transformation lui serait accordée; ses membres se promettraient de partager l'honneur qui avait resplendi dans leur chef. (…) Que la foi de tous s'affermisse avec la prédication de l'Evangile, et que personne n'ait honte de la croix du Christ, par laquelle le monde a été racheté. (…) Puisque le Christ a accepté toute la faiblesse de notre pauvreté, si nous persévérons à le confesser et à l'aimer, nous sommes vainqueurs de ce qu'il a vaincu et nous recevons ce qu'il a promis. Qu'il s'agisse de pratiquer les commandements ou de supporter l'adversité, la voix du Père que nous avons entendue tout à l'heure doit retentir sans cesse à nos oreilles: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis tout mon amour; écoutez-le !"

(Mt 17, 5) (Liturgie des Heures, office des lectures du 2ème dim. de Carême).

 

   "Epiphanie", car, comme au baptême au bord du Jourdain (cf. Mc 1, 11), Dieu manifeste que Jésus de Nazareth est bien son Fils: Celui-ci est mon Fils bien-aimé: écoutez-le ! (9, 7). Saint Matthieu (17,6-7) précisera qu'effrayés, les disciples tombèrent la face contre terre, mais que Jésus, s'étant avancé, les toucha et les releva en leur disant de ne pas avoir peur. Quelle bonté ! Quelle délicatesse !

C'est parce qu'il était effrayé et qu'il ne savait que dire, que Pierre eut l'idée saugrenue de proposer aux apparitions (Elie, représentant les prophètes; Moïse, la Loi; et Jésus leur accomplissement en tant que Messie) de dresser trois tentes. Mais aussi, parce qu'il ne savait quoi faire pour les retenir...

 

   Nous aussi, nous sommes souvent découragés et accablés par le mystère de la croix. Dans nos vies et celles de nos proches. Il faut avancer dans la nuit obscure de la foi où l'âme se fortifie, les vertus confirmées et où l'on peut alors jouir des inestimables délices de l'amour de Dieu (Saint Jean de la Croix) (*). Oui, l'amour. Alors que tout est sec, désespérant, gris, amer ! Avec la tentation des actifs de la suractivité qui étourdit, épuise et illusionne; et celle des dépressifs de sombrer dans des découragements funestes. Non, le Christ a "épuisé nos morts", c'est-à-dire qu'Il les a vidées de leur pouvoir mortifère où régnait Satan, et leur a donné une merveilleuse capacité de nous illuminer et d'en faire un moyen merveilleux de rédemption, de paix et de joie !

Pour cela, il faut vraiment faire le sacrifice de tout ce qui encombre nos esprits et nos cœurs, se faire petit, pauvre, mendiant. Se laisser dépouiller de bien des choses, matérielles, humaines, spirituelles en acceptant le chemin sur lequel le Seigneur nous attend.

Mort – nous devons accepter de mourir avec Lui – le Christ est ressuscité. Il intercède pour nous (Saint Paul aux chrétiens de Rome, 8, 34 – IIème lecture). Qui nous séparera de l'amour du Christ ? La tribulation, l'angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger, le glaive ? En tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à Celui qui nous a aimés. (...) Rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur (vv. 34-37, 39, non retenus dans l'extrait).

   La transfiguration, c'est lorsque nous mourons un peu plus tous les jours à nous-mêmes, pour que la Lumière de la présence du Ressuscité transforment nos corps et nos âmes en Lui...

                                                                                                            Abbé Christian LAFFARGUE.

 

 

(*): La nuit obscure, L. I, chap.1. Cf aussi le merveilleux chapitre 10 où le docteur de la nuit (J. Maritain) explique le passage de la méditation à la contemplation dans l'oraison. Cf aussi St Ignace de Loyola, Exercices spirituels, à partir de la deuxième Semaine. Et St François de Sales dans le Traité de l'Amour de Dieu, Livre VI.

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