Le langage de la croix est folie... (1 Co 1,18) 3ème dim de carême

Bulletin dominical du 8 mars 2015

3ème dimanche de Carême (Année B) Mois de Saint Joseph.

LES TEXTES DE LA MESSE

Le langage de la croix est folie...

(1 Corinthiens 1; 18, 23)

... pour ceux qui vont à leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu.

C'est le début du passage de la lettre (v. 18, non retenu dans l'extrait de la deuxième lecture), qui cite ce beau passage d'Isaïe: Je mènerai à sa perte la sagesse des sages, et l'intelligence des intelligents, je la rejetterai (Is 29, 14 dans le texte grec). Où est le raisonneur d'ici-bas ? écrit encore saint Paul (v. 20).

Que voulaient les juifs ? Des miracles et toujours des miracles ! Les grecs ? Une sagesse, l'aristocratie de l'intelligence, son confort. Que proclament les chrétiens ? Un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens (vv. 22-23).

Et c'est ce Messie, ce Christ qui est puissance de Dieu et sagesse de Dieu (v. 24).

Notre nature humaine, faible, indigente et pécheresse, se révolte contre les contrariétés et les maux de cette vie, physiques, moraux, mentaux. Et "elle a raison", car ces maux ne sont pas dans l'ordre de la création, ils n'étaient pas prévus par le Créateur. C'est la révolte des créatures spirituelles, certains anges (avec l'archange Lucifer à leur tête: Non serviam: Je ne servirai pas ! Cf C.E.C. 392), puis de nos premiers parents, Adam et Eve, qui ont fait rentrer le mal, la souffrance, la mort dans l'ordre créé, par orgueil, pour être libres de toute obéissance en enfreignant l'ordre strict de Dieu (Genèse 2, 17. Cf C.E.C. n° 396 et suiv.).

Alors que, dans l'ordre de la création, l'intelligence est faite pour embrasser la Vérité, et la volonté, le Bien. (*)

Les souffrances de nos contemporains, dans une société décadente intellectuellement et moralement, viennent essentiellement de ce qu'on les a détournés et privés de la Lumière, qu'on les a arbitrairement poussés à nommer "bien" ce qui est objectivement un mal, et à nommer "mal" ce qui est objectivement un bien. L'ultime perversion de l'intelligence. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes (v. 25).

Les apôtres - à part, peut-être, saint Jean, mais qui, comme la sainte Vierge Marie, gardait tout cela dans son cœur - n'avaient pas compris la Croix; et quand le Christ a été pris, condamné, crucifié, le triomphe de Satan semblait total, alors, qu'en réalité, il venait d'être vaincu. A jamais. La résurrection du Christ a consommé cette victoire.

Le beau cantique traditionnel O Croix dressée sur le monde résume très bien ce mystère !

Pour retrouver cette sagesse surnaturelle, "il faut faire le ménage". Jésus a purifié – violemment – le Temple, à coups de fouets et en renversant les tables des changeurs (de la monnaie grecque ou romaine, qualifiée d'impure, en monnaie du temple, juive pour s'acquitter d'un impôt): Vous avez fait de la maison de mon Père une maison de commerce (ou: de trafic) (Jean 2, 16 – Evangile) en annonçant sa résurrection future (v. 19).

Dans ce carême, nous aussi, nous devons "faire le ménage" en enlevant de notre cœur et de nos vies, ce qui est trop profane, ce qui mélange le païen et le divin, ce qui nous ralentit ou nous détourne de l'essentiel, car Dieu est un Dieu jaloux (Exode 20, 5 – Ière lecture), en suivant le décalogue en son entier (et non coupé, "saucissonné", avec les arrêts et les reprises de la "lecture brève" !).

Tu es la source de toute bonté, Seigneur, et toute miséricorde vient de Toi; Tu nous as dit comment guérir du péché par le jeûne, la prière et le partage; écoute l'aveu de notre faiblesse: nous avons conscience de nos fautes, patiemment, relève-nous avec amour. Par Jésus-Christ...

(Collecte)

Abbé Christian LAFFARGUE.

(*) La loi du Seigneur est parfaite... La charte du Seigneur est sûre qui rend sages les simples. Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur; le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard. (Psaume 18)