Pour moi, vivre, c'est le Christ... (Philippiens; 1, 21)

Publié le par Abbé C. Laffargue

Dimanche 21 septembre 2014

25ème du Temps de l'Année liturgique – A -

LES TEXTES DE LA MESSE

Pour moi, vivre, c'est le Christ...

(aux Philippiens; 1, 21 – IIème lecture)

... et mourir est un avantage. Pourquoi ? Mais pour Le retrouver, pour retrouver celui qu'on aime. Voilà l'esprit et l'état d'esprit du chrétien: qui croit à la Vie éternelle, qui croit au Christ, Fils de Dieu, mort et ressuscité, sauveur des âmes par Son corps qui est son Eglise, et qui L'aime, de tout son cœur et par dessus tout. L'esprit du païen, au contraire, c'est de vivre sur la terre le plus longtemps possible, et de profiter - c'est-à-dire: "de jouir" – de la vie le plus possible. Pour ces derniers, la souffrance et la mort les angoissent; mais plus encore la souffrance (qui n'a, pour eux, aucun sens et dont le mal n'a pas été vaincu), au point d'aller jusqu'au suicide (l'infanticide, l'euthanasie). Un chrétien voit dans la mort un passage, une pâque (Je ne meurs pas, j'entre dans la vie s'exclame Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus à 24 ans !); il voit dans la souffrance, non pas une malédiction, mais une bénédiction, une purification, un moyen unique pour s'unir à la croix rédemptrice et glorieuse de Jésus.

Evidemment, on ne veut pas échapper au monde, le fuir. Car, nous sommes dans les liens familiaux, sociaux, professionnels, spirituels. Nous aimons nos parents, nos frères et sœurs, nos amis, nos collègues, notre communauté paroissiale ou religieuse, nos pères et mères dans la foi, qui nous ont donné et nous donnent la vie de l'âme. Aussi, nous sommes pris entre les deux: je désire partir pour être avec le Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur; mais à cause de vous ("que j'aime et auquel j'ai été envoyé comme pasteur"), demeurer en ce monde (litt.: dans la chair) est encore plus nécessaire (vv. 23-24). Un chrétien ne fuit pas, il reste, il demeure.

Au verset suivant (25, non retenu), Saint Paul poursuit: De cela je suis convaincu. Je sais donc que je resterai, et que je continuerai à être avec vous tous, pour votre progrès et votre joie dans la foi.

Nous ne pensons pas droitement. Nous entretenons une dichotomie entre notre foi et notre mentalité, nos raisonnements qui sont ceux du monde et qui ne sont pas de Dieu. Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins, déclare le Seigneur..., mes pensées sont au-dessus de vos pensées (Isaïe 55, 8-9 – Ière lecture).

Nous voulons diriger, gouverner, décider, juger, en maîtres, alors qu'il n'y a qu'un seul maître: Dieu, et que nous sommes ses serviteurs. Notre dignité, c'est de nous laisser sauver, racheter par Lui. Notre indignité, c'est de ne pas le faire, et, ainsi, de nous perdre.

Le maître fait ce qu'il veut de sa vigne, il établit les contrats avec les ouvriers en se mettant d'accord avec eux: une pièce d'argent pour la journée (Matthieu 20, 2: parabole de la vigne, Evangile). Mais il reste libre de donner autant à celui qui a été appelé plus tard: la justice n'est pas l'égalité. Chacun est traité avec justice, mais tous n'ont pas le même salaire. L'essentiel est que le plus de monde possible travaille à sa vigne, quelle que soit l'heure à laquelle il a été appelé. Il est généreux et Il donne à tous autant qu'il peut. Provoquant la jalousie de ceux qui pensaient être les premiers (vv. 11-12). En Dieu, il n'y a de hiérarchie que celle de l'amour.

Ainsi, les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers (v. 16). (*)

Seigneur, tu as voulu que toute la loi consiste à t'aimer et à aimer ton prochain: donne-nous de garder tes commandements, et de parvenir ainsi à la vie éternelle...

(Collecte)

Abbé Christian LAFFARGUE.

(*) car il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus. Cette sentence qui fait suite dans certains manuscrits, manque dans d'autres. Mais on la retrouve telle quelle en Mt 22, 14.

Publié dans Bulletin dominical

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