La dette de l'amour mutuel. (Romains 13, 8)

Publié le par Abbé C. Laffargue

Bulletin dominical du 7 septembre 2014

23ème du Temps de l'Année liturgique (A)

LES TEXTES DE LA MESSE

La dette de l'amour mutuel.

(Romains 13, 8 – IIème lecture)

Saint Paul rappelle "le plus grand commandement", celui qui résume et accomplit tous les autres (ne pas commettre d'adultère, de meurtre, de vol en acte ou en pensée: convoiter le bien d'autrui, v. 9 citant Exode 20, 13-15, 17): Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Lévitique 19, 18). Tout en sachant que le Christ en a fait un commandement nouveau: aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés (Jean 13, 34; 15, 12,17).

Et cet amour, est un amour de charité (l'une des trois vertus théologales) qui inclut le pardon, et même, l'amour des ennemis (Matthieu 5, 44-47 entre autres). C'est le propre de la religion du Christ qui a pardonné et offert son pardon à ceux qui l'ont crucifié (Luc 23, 34), au contraire des autres monothéismes.

On doit sans doute "payer ses dettes", mais celle de l'amour mutuel est la plus importante, l'essentielle, pour être sauvé. On peut être fidèle et observant de la Loi, de la Loi nouvelle, des commandements de Dieu et de l'Eglise, être même "pratiquant" fidèle; mais si on néglige la charité fraternelle, qu'on ait quelque chose contre son frère (cf Mt 5, 24), ces pratiques et même ces "adorations" fort prisées par certains, ont peu de valeur aux yeux de Dieu. On risquerait d'être comme les pharisiens de l'ancienne Loi, durs et hypocrites, fermés à la grâce, fermés à l'amour. Car l'accomplissement parfait de la Loi, c'est l'amour (Rm 13, 10).

Aimer son prochain, ce n'est pas "lui passer tous ses caprices", comme les parents (ou grands-parents) qui, par faiblesse et égoïsme, n'éduquent pas leurs enfants. Aimer, c'est vouloir le bien de l'autre, et le plus grand bien, c'est le salut de son âme. Qu'il connaisse et aime Dieu, qu'il combatte et fuie le péché, qu'il soit fidèle à la grâce de son baptême et à l'Eglise du Christ qui a pouvoir de lier et de délier (Mt 18, 18, rappel de l'Evangile du 21ème dimanche, le pouvoir des clefs, en Mt 16, 19). Ne pas combattre le mal dans l'autre, ne pas l'aider à en prendre conscience et à le combattre lui-même, c'est être complice. Un médecin qui ne prendrait pas les mesures nécessaires pour combattre une maladie mortelle chez un patient, serait coupable de non assistance à personne en danger et gravement sanctionné (article 223-6 du Code de droit pénal français). De même, un prêtre, pour l'âme d'un baptisé. Evidemment, il faut le faire avec bonté, avec délicatesse, car le but n'est pas de menacer ou de punir, mais de guérir et de relever.

Le Seigneur est très clair, là encore : Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S'il ne t'écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes... Mais, toutes les procédures étant épuisées, s'il refuse de les écouter, dis-le à la communauté de l'Eglise (c'est rendre public un mauvais comportement pour mettre en garde les autres membres), et s'il refuse encore d'écouter l'Eglise, considère-le comme un païen et un publicain (Mt 18, 15-17). C'est-à-dire sanctionner, exclure. Comme la peine d'excommunication (retrancher de la communion ou constater que la personne s'est exclue elle-même de cette communion). C'est pour cela, qu'immédiatement après, le Seigneur rappelle, avec solennité (En vérité, "traduit" par amen) le pouvoir qu'Il a donné à Pierre et aux apôtres en communion avec lui, de lier et de délier (v. 18)

L'Eglise a choisi en première lecture ce texte d'Ezéchiel si frappant, qui insiste sur notre devoir moral d'avertir le pécheur qu'il risque la mort éternelle (Fumer tue avertissent les pouvoirs publics aux usagers du tabac).

Si tu n'avertis pas le méchant, si tu ne l'avertis pas, si tu ne luis dis pas d'abandonner sa conduite mauvaise, lui, mourra de son péché, mais à toi, je demanderai compte de son sang. Mais si tu l'avertis d'abandonner sa conduite, et qu'il n'en fasse rien, lui mourra de son péché, mais toi, tu auras sauvé ta vie. (Ez 33, 8-9)

Le meilleur moyen de toucher et d'éclairer une âme qui se perd est la prière. Si deux d'entre vous se mettent d'accord pour demander quelque chose, ils l'obtiendront de mon Père... En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux. (Mt 18, 20: finale de l'Evangile de ce dimanche)

Abbé Christian LAFFARGUE.

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