"Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise"

Publié le par Abbé C. Laffargue

Bulletin dominical du 29 juin 2014

Fête de Saint Pierre et Saint Paul, solennité Mois du Sacré-Cœur de Jésus

Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise...

(Matthieu 16, 18 – Evangile)

... et les portes de la Mort (1) ne prévaudront pas contre elle. Comme pour l'annonce et l'institution de la sainte Eucharistie (Jn 6, 51-56+Mt 26; Mc 14 et Lc 22, 19-20+ 1 Co 11, 23-25) que nous avons fêtée dimanche dernier, ces paroles du Seigneur sont à prendre et à entendre de façon réaliste et littérale, non figurative. Comme le Seigneur n'avait pas dit: "Ceci est le signe, le symbole, de mon corps et de mon sang"; il ne dit pas ici: "je bâtirai une Eglise", parmi d'autres... Un mouvement humanitaire chrétien où chacun serait libre de croire à ce qu'il voudrait (à chacun son Credo !) pourvu que le partage, l'accueil, la tolérance, l'amour (indéfini) règnent, qu'on ne fasse pas de vagues (ligne de conduite de beaucoup d'épiscopes) et qu'on ne traite d'aucun sujet qui fâche, c'est-à-dire de rien, surtout pas de la vérité, de l'autorité... "l'Eglise n'est pas une O.N.G." a affirmé plusieurs fois le Pape François (2).

Les paroles de Jésus sont à croire, non pas parce que ses propos nous plaisent, nous conviennent ou parce que nous les comprenons tous, mais à cause de l'autorité de Celui qui les prononce: "Nous croyons à cause de l'autorité de Dieu même qui révèle et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper" (C.E.C. n° 156 dans Foi et intelligence). D'ailleurs, avant de conférer à l'apôtre Pierre la primauté (pouvoir de gouverner) et le pouvoir des clefs (pouvoir de juridiction), Jésus demande la foi: Pour vous, qui suis-je ? Prenant la parole, Simon-Pierre dit: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! (Mt 16, 15-16). Foi, qui est un don de Dieu: Heureux es-tu..., ce n'est pas la chair et le sang (les capacités naturelles) qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. (v.17)

"La foi est un don de Dieu, une vertu surnaturelle infuse par Lui" écrit le Catéchisme en citant la même parole

A nous "de consentir et de croire" (C.E.C. n°153. Nous reprendrons cette question dans la retraite sur Saint Joseph, "homme de foi", le mois prochain) car c'est une adhésion libre de l'intelligence et un acte libre de la volonté.

Dans "le pouvoir des clefs" (3), les paroles du Christ, fils de Dieu, sont également claires et absolues: Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux (Mt 16, 19). On pense aux sacrements de mariage (qui lie indissolublement les époux) et de pénitence/réconciliation (qui absout, ou non, les péchés en confession) qui nécessitent ce pouvoir pour être valides (distinct du pouvoir d'ordre : célébrer validement la messe). Pouvoir délégué par le pape, successeur de Pierre, aux évêques, et des évêques aux prêtres sur un territoire (cf les paroisses) ou une communauté déterminée (supérieurs de monastères ou d'abbayes par ex.). Nul ne s'arroge ce pouvoir en dehors de Pierre qui l'a reçu de Dieu par le Christ, Lui-même obéissant à son Père (cf C.E.C. n° 475). En dehors des sacrements, ce "pouvoir des clés" concerne le pouvoir d'enseigner et de sanctifier: de "dire le bien et le mal" en matière de Foi et de Morale, d'interpréter droitement les Ecritures au nom du Christ (cf Magistère du pape par les documents officiels, et des évêques unis à lui. Les discours, propos et échanges plus ou moins privés du Pape n'engagent pas l'autorité du Christ, même s'ils doivent être reçus avec respect); de légiférer (cf le Code de Droit Canon); enfin, tout ce qui concerne et engage le salut des âmes, le salut des brebis conduites par le vrai et bon pasteur (cf. Jean 10).

Dans ses dernières recommandations, Saint Paul qui s'est déjà offert en sacrifice, qui a mené le bon combat, qui a gardé la foi (2 Timothée 4, 6-7 – IIème lecture) se plaint d'Alexandre le forgeron qui lui a fait beaucoup de mal et, quand il a présenté sa défense, personne ne l'a soutenu, tous l'ont abandonné (v. 16). Les successeurs de Pierre et les "successeurs" de Paul dans l'apostolat sont souvent abandonnés. Mais les portes de l'enfer ne prévaudront pas car l'Eglise est le corps du Christ et le Christ ressuscité a vaincu Satan sur la croix.

Demandons à PIERRE qui fut le premier à confesser la foi et constitua l'Eglise en s'adressant d'abord aux fils d'Israël, et à PAUL qui l'a mise en lumière et fit connaître aux nations l'Evangile du salut (Préface) d'avoir une fidélité parfaite à leur enseignement (Collecte) et de nous apprendre à gagner au Christ nos frères qui ne le connaissent pas encore (Bénédiction solennelle).

Abbé Christian LAFFARGUE.

Notes des Textes de la Messe :

(1) de la Mort: ou de l'Hadès en grec, du Shéol en hébreu, c'est-à-dire "du séjour des morts. Ces portes symbolisent les puissances du Mal, des puissances du péché, qui ne triompheront pas de la sainteté de l'Eglise (note de la Bible Osty) (cf le Credo: "Je crois en l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique.)

(2) Pape François, homélie du 15 mars 2013; expression reprise dans son exhortation du 18 juin 2014.

"Pour construire l’Église, il est question de pierres, mais de pierres qui ont une consistance, de pierres vivantes, bénies par l’Esprit en vue de bâtir l’Église, l’Épouse du Christ, dont la pierre angulaire est le Seigneur en personne. Le troisième point est confesser. Nous pouvons marcher tant que nous le voulons, construire un tas de choses, mais si nous ne confessons pas Jésus Christ, rien ne va. Nous deviendrions une philanthropique ONG mais non l’Église, l’Épouse du Seigneur. Si on ne bâtit pas sur la roche* il arrive ce qu’il arrive aux enfants sur la plage avec leurs châteaux de sable. Sans consistance, ils s’effondrent. »

*cf. évangile du 26 juin.

(3) Les clefs symbolisent l'autorité souveraine (Cf Isaïe 22, 22 et Apocalypse 3, 7) (note Osty)

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