Aimer Dieu et son prochain: le plus grand des commandements.  (Mc 12, 29-31 – Evangile)

Publié le par Abbé C. Laffargue

Bulletin dominical du 4 novembre 2018 – 14èmeannée                    Mois des âmes du Purgatoire                                           

31èmedimanche du Temps de l'Année liturgique(B)

 

LES TEXTES DE LA MESSE

 

               Aimer Dieu et son prochain: le plus grand des commandements.

               (Marc 12, 29-31 – Evangile)

 

            Ce premier des commandements de Dieu dans l'ordre d'importance est vraiment "la charte de la Nouvelle Alliance" scellée par le Christ sur la Croix où Il a offert sa vie par amour pour Dieu le Père et pour nos âmes. Dans les dix commandements que Dieu donna à Moïse sur le mont Sinaï, il est question de servir un Dieu unique et de l'aimer (Exode 20, 2 et 6), de Lui être reconnaissant de ses bienfaits, mais non "d'aimer son prochain comme soi-même" (Mc 12, 31), ni d'entrer dans une relation d'amour mutuel (1). Ce sont les Prophètes qui ont peu à peu développé cet amour plénier comme le manifeste le Deutéronome (6, 5 – Ière lecture). L'un des scribes auditeur de Jésus, qui n'était pas loin du royaume de Dieu (Mc 12, 34), touché par la grâce, résuma bien l'enseignement du Maître en comprenant qu'aimer Dieu de tout son cœur, de toute son esprit et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, valait mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices (v. 33). L'épître aux Hébreux précisera: Tu n'as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour le péché. Alors (le Christ)dit: Voici, je viens pour faire, ô Dieu ta volonté (…). Oblation que Jésus-Christ a faite une fois pour toutes de son propre corps (10, 5-10)        

            Les prêtres de l'Ancienne Alliance étaient des hommes pécheurs et mortels, fait remarquer le disciple de Saint Paul dans l'extrait de la deuxième lecture de cette Messe. Jésus, le prêtre par excellence, est le Prêtre éternel car Il est homme et Dieu. Il offre plus que des sacrifices: il S'offre Lui-même en sacrifice, Il est le prêtre et la victime (sacerdos et victima)Victime pure, victime sainte, victime sans tache (hostiam puram, hostiam sanctam, hostiam immaculatam)dit le Canon romain (Ière Prière eucharistique)de la Messe. L'Agneau de Dieu- désigné comme tel par saint Jean-Baptiste sur le bord du Jourdain – qui enlève le péché du monde (Jn 1, 29), annoncé par les prophètes (cf. Isaïe 53, 7). Si les prêtres de l'ancienne Alliance mourraient – comme tout homme – le Christ Jésus, Lui,demeure éternellement car Ilpossède un sacerdoce qui ne passe pas (qui ne se transmet pointtraduit Crampon, N.T., 2004). Il est toujours présent mystiquement et "disponible" pour intercéder en faveur de ceux qui par Lui s'avancent vers Dieu (He 7, 23-25).

Et, dans le Christ-prêtre, incorporés à Lui par le sacrement de l'Ordre, les prêtres de la nouvelle Alliance continuent invisiblement (par le sacrifice unique du Christ perpétué sur les autels: la Messe, par la "prière publique" de l'Office divin, par les prières et sacrifices qu'ils ajoutent) d'intercéder pour le salut des âmes.

 

            Tout cela se comprend dans l'Amour car c'est par amour que Dieu a envoyé son Fils pour qu'il soit le grand-Prêtre par excellence, qu'Il a institué les sacrements et l'Eglise. Et nous sommes appelés à entrer dans cette relation d'amour avec Dieu qui inclut le prochain, car l'amour est un. On aime ou on n'aime pas. Si, dans son cœur, on conserve rancune, jalousie, envie, critique (Cf Gal 5, 20), on n'aime pas, car l'amour de soi a tué l'amour de Dieu en l'étouffant, en le détournant de son objet. L'orgueil, qui se dresse contre Dieu, qui pousse à la révolte, à la critique perpétuelle, à la désobéissance, tue efficacement l'amour. Il dessèche l'âme et la rend parfaitement insensible à autrui. Il obscurcit l'intelligence qui ne voit ni ne comprend plus rien. Si quelqu'un dit: "J'aime Dieu" et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur (1 Jn 4, 20).

Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole dit le Seigneur,et mon Père l'aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure (Jn 14, 23 – Refrain de l'Alleluia jusqu' à lui). Dieu n'est pas dans les âmes qui refusent l'amour dont S'aiment le Père et le Fils: le Saint-Esprit, malgré la Foi devenue inapte au salut.

Celui qui n'aime pas demeure dans la mort (1 Jn 3, 14).

L'amour est une grâce qu'il nous faut demander. Ne m'abandonne pas, Seigneur mon Dieu, ne reste pas loin de moi. Hâte-toi de venir à mon aide, toi, ma force et mon salut. 

(Ps 37, 22-23 – Introït)

"C'est sur l'amour que nous serons jugés" écrit saint Jean de la Croix (2), c'est parce qu'elles n'ont pas assez aimé que bien d'âmes sont encore au Purgatoire...

 

                                                                                                       Abbé Christian LAFFARGUE.

 

(1) Cf la note très instructive de la Bible des Peuples inMc 12, 28. Notamment ceci: "Aimer Dieu n'est pas un commandement comme les autres qui prescrivent des actions précises à faire ou à éviter comme le repos dominical ou l'adultère. C'est la raison pour laquelle l'amour de Dieu n'est pas présenté dans le Nouveau Testament comme un commandement mais comme le fruit de l'Esprit que Dieu donne à ses fils et filles d'adoption: Rm 8; 15, 22. Dieu est le premier aimé: Mt 6, 9-10; 1 Jn 4, 17, tout spécialement en la personne de son Fils: 2 Cor 5, 15; 1 P 1, 8. Il n'y a pas d'amour authentique du prochain sans cet amour de Dieu: 1 Jn 5,2."

(2) St Jean de la Croix, maxime 80, qui dit aussi dans la 91: Considérez que Dieu ne règne que dans l'âme paisible et dénuée de la recherche de soi-même.

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