Pardonne à ton prochain le tort qu'il t'a fait... (Ière lecture) - 24ème dimanche du T.A.-A

Publié le par Abbé C. Laffargue

Bulletin dominical du 17 septembre 2017, 13ème année.

24ème dimanche du Temps de l'Année liturgique (A)

 

 

LES TEXTES DE LA MESSE

 

            Pardonne à ton prochain le tort qu'il t'a fait...

            (Siracide 28, 2 – Ière lecture)

 

 

...alors, à ta prière, tes péchés seront remis. Nous devrions lire et relire souvent ce texte de Jésus Ben Sira, maître de sagesse à Jérusalem, écrit au IIème siècle avant Jésus-Christ. Si nous ne pardonnons pas à ceux qui nous ont offensés (cf le Notre Père enseigné par Jésus Lui-même à ses apôtres), nous ne le serons pas à notre tour: Pense à ton sort final (à ton salut éternel) et renonce à toute haine; pense à ton déclin et à ta mort et demeure fidèle aux commandements (v. 6).

Or, le commandement nouveau (à l'aune duquel nous serons jugés), c'est que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés (Jean 13, 34 – antienne de l'Alleluia). Et cet amour (la vertu théologale de charité), inclut le pardon. Le Christ a pardonné aux pécheurs repentants, Il a pardonné à ses bourreaux et a intercédé pour eux auprès de son Père (1ère parole sur la Croix: Luc 23, 34) et dans l'Evangile d'aujourd'hui, Il répond à Pierre qu'il n'y a pas de limite au pardon (Jusqu'à soixante-dix fois sept fois: Matthieu 18, 22).

Il y a deux actes dans le pardon: celui de l'intelligence (je comprends, par la foi, que je dois pardonner; je pense à mon salut éternel, je minore l'offense, je trouve des excuses, des circonstances atténuantes, etc.), et celui de la volonté: l'acte intérieur du pardon, puis sa manifestation extérieure: signifier, d'une manière ou d'une autre, en parole et en action, à l'offenseur qu'on lui a pardonné. Souvent, on s'arrête à la première étape: on pardonne en esprit mais pas en vérité. L'esprit est prompt, mais la chair est faible (Mt 26, 41 – Le Christ à ses apôtres au jardin des oliviers). On garde dans son cœur de la rancœur, du ressentiment, qui ne demandent qu'à ressurgir quand on pense à la personne (surtout de sa famille ou de ses amis parfois intimes) ou qu'on en parle à autrui.

Alors, tout ressurgit. On n'a pas réellement pardonné. Pense aux commandements (surtout le nouveau). Ne garde pas rancune envers le prochain, pense à l'Alliance du Très-Haut... (Si 28, 7)

Rancune, colère, vengeance... écrit le Sage. Cela se manifeste par le silence: oral et scripturaire (même pour les vœux, les anniversaires, les épreuves de ceux qui nous ont "fait du mal"; alors qu'on entretenait avec eux des relations étroites et pleines d'affection) manifestant une indifférence subite et du mépris. Un faux pardon engendre la rancœur, et la rancœur l'esprit de vengeance (qu'on ne s'avoue pas car on joue le personnage offensé et outragé). Vengeance froide comme le cœur de ceux qui ne pardonnent pas (et qui, quelquefois, ne se pardonnent pas eux-mêmes).

"On fait payer" alors à ceux qui nous ont offensé les bienfaits, quelquefois matériels et financiers, qu'on leur prodiguait au temps de la concorde... Que c'est triste et malheureux ! Comme c'est loin de "l'esprit de Jésus-Christ" ! A quoi servent alors les prières, les messes, les exercices de piété de ceux qui s'adressent à Dieu, à la Sainte Vierge et aux saints, avec un cœur qui est imprégné ou occupé par un tel ressentiment, une telle opposition au pardon, à l'Amour même ?

Le pardon (qui est un don de Dieu, à demander) procure la paix et la joie de l'âme. Il est délivrance

Il efface tout. La charité excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. Elle ne tient pas compte du mal. Elle seule ne passera jamais écrit saint Paul aux chrétiens de Corinthe (1 Cor 13; 5, 7).

   Un obstacle au pardon, partie intégrante de la charité, est de se regarder soi-même. Saint Paul, aux chrétiens de Rome, cette fois, donne la clé de nos blocages: Aucun d'entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même: si nous vivons , nous vivons pour le Seigneur..., nous mourons pour le Seigneur. Ainsi, dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur (Rm 14, 7-9)

En regardant vers le Seigneur, en Le laissant penser et agir en nous, tout est possible, tout est transformé, tout mal est effacé !

   Que la grâce de cette communion, Seigneur, saisisse nos esprits et nos corps, afin que son influence, et non pas notre sentiment, domine toujours en nous. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

                                                                                                        Abbé Christian LAFFARGUE.

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