l'Ascension du Seigneur

Publié le par Abbé Laffargue

L'Ascension du Seigneur

D'après Intimité divine (Méditations sur la vie éternelle pour tous les jours de l'année) du Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine, o. c. d., 1er volume (de décembre à mai), édition de 1963.

 

   "La pensée centrale de la liturgie de ce jour est d'élever nos cœurs vers le Ciel afin de commencer à habiter, en esprit, là où Jésus nous a précédés: L'Ascension du Christ, dit Saint Léon (Saint Léon Ier le Grand, pape de 440 à 461,  docteur de l'Église. Ndlr), est notre propre élévation; et le corps a l'espoir d'être un jour là où l'a précédé son glorieux chef (Bréviaire romain). En effet, le Seigneur avait déjà dit, dans le discours après la dernière Cène: Je vais vous préparer une place. Et quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi (Jean 14, 2-3). L'Ascension est donc une fête de joyeuse espérance, de suave avant-goût du ciel; en y entrant, Jésus, notre chef, nous a donné le droit de Le suivre un jour; et même, nous pouvons dire, avec Saint Léon, que en la personne du Christ, nous avons pénétré au plus haut des cieux (B.R.). De même qu'en Jésus crucifié nous sommes morts au péché, et que nous sommes ressuscités à la vie de la grâce dans le Christ ressuscité, ainsi nous sommes-nous également montés au ciel par l'Ascension de Jésus.

Etant notre chef, nous sommes également dépendants de Lui, nous, les membres de son Corps, et intimement liés à son sort. Dieu, qui est riche en miséricorde, enseigne Saint Paul, à cause du grand amour dont Il nous a aimés, nous a fait revivre dans le Christ. Avec Lui Il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux, dans le Christ Jésus (Ephésiens 2, 4-6).

Le droit au ciel est acquis, la place est prête; à nous de vivre de manière à l'occuper un jour. Entre-temps, il nous faut réaliser la belle prière que la liturgie met sur nos lèvres: Accordez-nous, ô Dieu tout-puissant, d'habiter, nous aussi, en esprit, dans la céleste demeure (Collecte)*.

Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur (Mt 6, 21) a dit Jésus. Si Jésus est vraiment notre trésor, notre cœur ne pourra être que près de Lui, au ciel. Telle est la grande aspiration de l'âme chrétienne, si bien exprimée dans l'hymne des vêpres de la fête: Ô Jésus, soyez l'aspiration de nos cœurs, la joie de nos larmes, le doux fruit de notre vie (str. 5, IIèmes vêpres de la fête. Ndlr).

   Mais à côté de l'espérance et de la joyeuse attente du ciel, la fête de l'Ascension a aussi sa note de mélancolie. Devant le départ définitif de Jésus, les Apôtres durent être pris d'un sentiment de désarroi: la détresse de celui qui voit s'éloigner pour toujours l'ami et le soutien le plus cher, et se retrouve seul devant les difficultés de la vie. Le Seigneur vit l'état d'âme des siens, et voici qu'Il les console une nouvelle fois, leur promettant la venue de l'Esprit Saint, l'Esprit consolateur: Il leur enjoignit – lisons-nous dans l'épître (Actes 1, 1-11)- de ne pas quitter Jérusalem, mais d'y attendre ce que le Père avait promis… C'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés sous peu de jours.

Mais cette fois encore, les Apôtres ne comprirent pas ! Comme ils avaient besoin d'être éclairés et transformés par l'Esprit Saint pour être capables d'accomplir la grande mission qui allait leur être confiée ! Car Jésus reprit: Vous allez recevoir une force, celle de l'Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins… jusqu'aux confins de la terre. (…) Alors, se confiant dans la parole de Jésus, qui est désormais leur unique soutien, ils retournent à Jérusalem et s'enferment au Cénacle pour attendre, dans la prière, l'accomplissement de la promesse. C'est la première neuvaine préparatoire à la Pentecôte: Tous, d'un même cœur étaient assidus à la prière… avec Marie, mère de Jésus (Actes 1, 14).

Retraite, recueillement, prière, accord entre nos frères, union avec Marie, telles sont les caractéristiques de la neuvaine qui doit nous préparer, nous aussi, à la venue de l'Esprit Saint.

Prière: Ô mon Dieu, ô mon Dieu, ô mon Jésus, Vous vous en allez et Vous vous séparez de nous ! Oh ! quelle sera l'allégresse du ciel ! Mais nous, nous restons ici-bas sur cette terre. Ô Verbe éternel, que Vous a fait la créature, pour que Vous opériez tant de merveilles et montiez à présent au ciel, pour sa plus grande gloire ? Dites-moi, que Vous a-t-elle fait, pour que Vous l'aimiez tant ? Que Vous a-t-elle donné ? Que cherchez-vous auprès d'elle ? Vous l'aimez tellement que Vous vous donnez Vous-même à elle, Vous qui êtes le Tout, car hors de Vous il n'est rien. (…) Ô Sagesse infinie, ô Bonté suprême, ô Amour, Amour si peu connu, moins encore aimé, et possédé par un si petit nombre ! Oh, qu'elle est grande notre ingratitude, elle qui se trouve à la racine de tout mal ! (…) Vous qui êtes avec votre humanité au ciel, assis à la droite du Père éternel, créez en moi un cœur pur et renouvelez en moi la droiture de l'esprit." (…)

Ab. L.

* En voici le texte complet: Accordez-nous, Dieu tout-puissant, à nous qui croyons qu'en ce jour votre Fils unique, notre Rédempteur, est monté au ciel, d'habiter également nous-mêmes en esprit dans les cieux. Par le même Jésus-Christ…

(les textes liturgiques cités par l'auteur sont ceux d'avant la réforme de 1970, réintégrés dans la Liturgie romaine par le Pape Benoît XVI en 2007 comme forme extraordinaire…). Ndlr

 

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