Les Béatitudes

Publié le par Abbé Laffargue

LES BEATITUDES


Une catéchiste du diocèse nous a permis de publier le cours qu'elle donne à des adultes, et, notamment son cours sur les Béatitudes que nous introduisons par ce qu'en dit le Catéchisme de l'Eglise Catholique:

   "Les béatitudes (Mt 5, 3-10, Sermon sur la Montagne) sont au cœur de la prédication de Jésus. Leur annonce reprend les promesses faites au peuple élu depuis Abraham. Elle les accomplit en les ordonnant non plus à la seule jouissance d’une terre, mais au Royaume des Cieux." (n°1716)

"Les béatitudes dépeignent le visage de Jésus-Christ et en décrivent la charité ; elles expriment la vocation des fidèles associés à la gloire de sa Passion et de sa Résurrection ; elles éclairent les actions et les attitudes caractéristiques de la vie chrétienne ; elles sont les promesses paradoxales qui soutiennent l’espérance dans les tribulations ; elles annoncent les bénédictions et les récompenses déjà obscurément acquises aux disciples ; elles sont inaugurées dans la vie de la Vierge Marie et de tous les saints." (n°1717)

"Les béatitudes répondent au désir naturel de bonheur. Ce désir est d’origine divine : Dieu l’a mis dans le cœur de l’homme afin de l’attirer à Lui qui seul peut le combler :

Comment est-ce donc que je te cherche, Seigneur ? Puisqu’en te cherchant, mon Dieu, je cherche la vie heureuse, fais que je te cherche pour que vive mon âme, car mon corps vit de mon âme et mon âme vit de toi (S. Augustin, Confessions 10, 29).

Dieu seul rassasie (Saint Thomas d’Aquin symb. 1)". (n°1718)

"Les béatitudes découvrent le but de l’existence humaine, la fin ultime des actes humains : Dieu nous appelle à sa propre béatitude. Cette vocation s’adresse à chacun personnellement, mais aussi à l’ensemble de l’Église, peuple nouveau de ceux qui ont accueilli la promesse et en vivent dans la foi." (n°1719)

 

Quel est le but de l'existence de l'homme ?

Le but de l'existence humaine est de partager la béatitude de Dieu. Dieu nous a créés pour Le connaître, L'aimer, Le servir, et ainsi parvenir au paradis (cf aussi, St Ignace de Loyola, Exercices spirituels, n°23,1. Ndlr)

(C.E.C. n° 1721 et 1719) (B. E. qu. 162)

 

Qu'est-ce que les Béatitudes ?

Les béatitudes sont le chemin qui mène au bonheur éternel. Elles sont enseignées par le Christ. Elles mènent au Royaume de Dieu par un comportement qui nous associe plus étroitement au Christ: la pauvreté en esprit, la douceur, la miséricorde, la pureté de cœur, la patience face aux injures. (B.E. qu. 163)

Les béatitudes sont l'attitude à avoir pour entrer dans le Royaume des cieux. Elles ne représentent pas des catégories de personnes mais les différentes attitudes de sainteté proposées à quiconque veut être disciple du Christ.

Voyant cette foule, Jésus gravit la montagne, et lorsqu'il se fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui. Et, prenant la parole, Il se mit à les instruire (Matthieu 5, 1-12):

Bienheureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux !

Le concept religieux de pauvreté est ancré profondément dans l'Ancien Testament (cf. So 2,3). Il s'agit davantage d'une attitude religieuse d'humilité et de recours à Dieu que de pauvreté matérielle. Est "pauvre" la personne qui compte sur Dieu sans s'appuyer sur ses propres mérites et qui met sa confiance en la miséricorde divine pour recevoir le salut. Cette attitude religieuse de pauvreté est étroitement associée à ce que l'on appelle "l'enfance spirituelle". Un chrétien se considère comme un petit enfant en présence de Dieu, un enfant qui ne possède rien. Tout ce qu'il a vient de Dieu son Père et appartient à Dieu. Bien entendu, la pauvreté spirituelle, c'est-à-dire, la pauvreté chrétienne, exige le détachement des biens matériels et leur bon usage.

Aux religieux, Dieu demande d'être détachés légalement de toute propriété et, par là, de témoigner du caractère passager des choses terrestres. (Commentaire de l'université de Navarre - U.N. -; Mt 5,3)

 

Bienheureux les doux, car ils possèderont la terre !

Les doux sont ceux qui souffrent patiemment les persécutions injustes, restent sereins, humbles et fermes dans l'adversité et ne donnent pas prise au ressentiment ou au découragement. La terre se comprend au sens de patrie céleste. (U.N. Mt 5,4)

Les doux sont ceux qui traitent avec bienveillance leur prochain, supportant patiemment les peines qu'il leur cause, sans jamais se plaindre ni se venger. (Catéchisme du cardinal Gasparri – C. G. - qu. 551*)

(Cal Pierre Gasparri, 1852-1934, créé Cardinal par le Pape St Pie X, Secrétaire d'Etat de son successeur Benoît XV, puis de Pie XI. Ab. L.)

 

Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés !

Ceux qui pleurent sont ceux qui souffrent d'affliction, particulièrement ceux qui regrettent sincèrement leurs péchés ou sont peinés par les offenses des hommes envers Dieu, et qui portent leur souffrance avec amour et en signe de réparation (de pénitence). L'Esprit de Dieu les bénit, leur donne ici-bas la paix, la joie et la consolation, et leur donnera plus tard, au ciel, le bonheur et la gloire. (U.N., Mt 5,5)

 

Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !

Dans la Sainte Ecriture, juste veut dire pieux, serviteur irréprochable de Dieu, fidèle à la volonté divine (Cf. Gn 7,1.18.23-32; Ez. 18,5; Pv 12,10), bon et charitable avec le prochain (Cf. Tb 7,6 et 9,6).

Est juste celui qui lutte avec sincérité pour accomplir la Volonté de Dieu, Volonté révélée dans les Commandements, dans les devoirs d'état et dans l'union de l'âme à Dieu. La justice est ce que l'on appelle la sainteté (1 Jn 2,29 et 3, 7-10; Ap. 22, 11; Gn 15, 6; Dt 9, 4). Saint Jérôme écrit que notre Seigneur ne demande pas, dans la 4ème béatitude, de se contenter d'un vague désir de justice: il faut avoir faim et soif de justice (de sainteté), c'est-à-dire aimer et rechercher de toutes ses forces ce qui rend un homme juste aux yeux de Dieu. Qui veut être saint doit aimer les moyens que l'Eglise offre aux hommes et leur apprend à utiliser: fréquentation des sacrements, dialogue intime avec Dieu dans la prière, effort vigoureux pour remplir ses obligations familiales, professionnelles et sociales. (U.N., Mt 1,19 et Mt 5,6)

 

Bienheureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde !

La miséricorde consiste à faire l'aumône aux pauvres, à comprendre les défauts des autres, à leur pardonner, à les aider à les surmonter et à les aimer malgré tout. Etre miséricordieux signifie aussi nous réjouir ou souffrir avec nos semblables. (U.N., Mt 5,7)

Les miséricordieux sont ceux qui pratiquent les œuvres de miséricorde spirituelles ou corporelles:

 - Œuvres de miséricorde spirituelles: 1- Conseiller ceux qui doutent; 2- Instruire les ignorants; 3- Reprendre les pécheurs; 4- Consoler les affligés; 5- Pardonner les offenses; 6- Supporter avec patience ceux qui nous sont à charge; 7- Prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

  - Œuvres de miséricorde corporelles: 1- Donner à manger à ceux qui ont faim; 2- Donner à boire à ceux qui ont soif; 3- Vêtir ceux qui n'ont pas de vêtement; 4- Accorder l'hospitalité; 5- Visiter les malades; 6- Visiter les prisonniers; 7- Ensevelir les morts (Cf. Is. 58, 6-7; He 13, 13; Mt 25, 31-16: le Jugement dernier)

(Cf  C.G., qu. 554, 535 et 536 – CEC, n° 2447)

 

Bienheureux les cœurs purs ils verront Dieu !

Le Christ enseigne que les actes humains tirent leur qualité du cœur des hommes. Le cœur est la source des pensées, des paroles et des actes. Jésus révèle l'origine de toute action morale: elle se trouve dans la décision personnelle de l'homme, bonne ou mauvaise, qu'il forme dans son cœur et qu'il traduit ensuite dans un acte.

(U.N. Mt 5,8 et 15, 18-20) (Le "cœur" serait ici synonyme de l'âme intellectuelle. La pensée ou le projet d'un acte se forme dans l'intelligence, et la volonté l'exécute. Ab. L.)

La pureté du cœur est non seulement la chasteté intérieure mais aussi la droiture d'intention. Voici, par opposition, la description des cœurs souillés: "C'est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les injures. Voilà ce qui souille l'homme" (Mt 15, 19-20).

Au contraire, en aimant avec droiture son prochain, on découvre l'image de Dieu en lui. Saint Paul, avant sa conversion, persécutait l'Eglise avec droiture d'intention. Sur le chemin de Damas, il a réellement vu Dieu. Il est un exemple "des cœurs purs qui ont vu Dieu".

 

Bienheureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu !

 

La formule "artisans de paix" traduit un sens actif. Sont artisans de paix ceux qui recherchent la paix en eux-mêmes, avec le prochain, et qui s'appliquent à la faire régner parmi les autres. Pour enraciner solidement cette paix, ils travaillent à se réconcilier avec Dieu et avec leur prochain. Etre en paix avec Dieu est l'origine et le sommet de toute paix. ("Les quatre piliers de la paix sont la vérité, la justice, la liberté et la charité", encyclique du Pape Jean XXIII, Pacem in terris, 1963). (U. N. Mt 5,9 et C. G. qu. 556)

 

Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le Royaume de Dieu set à eux !

 

"Bienheureux êtes-vous, lorsqu'on vous insultera, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous et exultez, car votre récompense sera grande dans les cieux."

Cette béatitude proclame bienheureux, d'une part ceux qui sont persécutés parce qu'ils sont saints ou parce qu'ils luttent pour l'être, et d'autre part, ceux qui souffrent la persécution pour être fidèles à Jésus, non seulement avec patience, mais aussi avec joie. (U. N. Mt 5,10)

Ceux qui souffrent persécution pour la justice, sont ceux qui supportent avec patience les railleries, les calomnies et les persécutions, pour l'amour de Jésus-Christ. (C. G., qu. 557)

Les Béatitudes sont donc une disposition d'esprit qu'il faut avoir pour entrer dans le royaume des cieux. (U.N.)

 

Pourquoi Jésus-Christ appelle-t-il bienheureux ceux qui ont ces dispositions d'esprit ?

Jésus-Christ appelle bienheureux ceux qui ont ces dispositions d'esprit parce qu'elles leur font obtenir et savourer dans cette vie comme un avant-goût du bonheur éternel (C.G. qu. 549).

 

Quel est ce bonheur éternel ?

Ce bonheur éternel est la vision de Dieu, l'avènement du Royaume de Dieu, l'entrée dans la joie du Seigneur, la participation à la nature divine, la vie éternelle, la gloire du Christ, la jouissance de la vie trinitaire. C'est la vie avec Dieu. (C.E.C. n°1720-1721).

 

Le désir de bonheur est d'origine divine: Dieu l'a mis dans le cœur de l'homme afin de l'attirer à Lui qui, seul, peut le combler. (C.E.C. n° 1718)

 

Les béatitudes nous enseignent que Dieu nous appelle à un bonheur éternel (C.E.C. n°1726)

Ce bonheur éternel promis nous place devant des choix moraux décisifs. Il nous invite à purifier notre cœur de ses instincts mauvais et à rechercher l'amour de Dieu par-dessus tout. Il nous enseigne que le vrai bonheur ne réside ni dans la richesse ou le bien-être, ni dans la gloire humaine ou le pouvoir, ni dans aucune œuvre humaine, si utile soit-elle, comme les sciences, les techniques, les arts, ni dans aucune créature, mais en Dieu seul, source de tout bien et de tout amour (C.E.C. n° 1723).

 

   Les Béatitudes n'ont pas comme objet propre des normes particulières de comportement, mais elles évoquent des attitudes et des dispositions fondamentales de l'existence. (…) Les Béatitudes et les commandements se réfèrent au bien et à la vie éternelle. Le discours sur la Montagne montre l'ouverture et l'orientation des Commandements vers la perfection qui est celle des Béatitudes. Celles-ci sont, avant tout, des promesses dont découlent aussi, de manière indirecte, des indications normatives pour la vie morale. Elles sont une sorte d'autoportrait du Christ et des invitations à Le suivre et à vivre en communion avec Lui.

Jean-Paul II, enc. Veritatis splendor ("La splendeur de la Vérité"), 6 août 1993, § 16.

 

Abréviations:

C. G. : Catéchisme du cardinal Gasparri. Cal Pierre Gasparri, 1852-1934, créé Cardinal par le Pape St Pie X, Secrétaire d'Etat de son successeur Benoît XV, puis de Pie XI.

U. N.: Commentaire de l'université de Navarre (Rome).

B. E.: "Bref examen de la Foi catholique" par l'abbé Jean-Paul Savignac, éd. Le Laurier, Paris, 2000.

C.E.C.: Catéchisme de l'Eglise Catholique.

(Ab. L.): note de l'abbé Laffargue.

            Cours paru dans le Bulletin paroissial de Tossiat en septembre et octobre 2010.

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