Guérison intérieure (P. Verlinde)

Publié le par Abbé Laffargue

Parcours de guérison intérieure

Le Père Joseph-Marie VERLINDE est docteur ès Sciences physiques (Belgique) et Professeur de théologie. Chercheur au F.N.R.S. (Fonds National de Recherche Scientifique, Belgique) il abandonne tout, s'éloigne de l'Eglise et devient disciple d'un gourou hindou. Il devient adepte du Nouvel Age par le biais des méditations orientales ("transcendantales"). Il reste trois ans secrétaire particulier du gourou (de 24 à 27 ans) puis le quitte en prenant conscience d'une aliénation subtile des pratiques occultes (p.17 de "L'expérience interdite").
Il revient à l'Eglise catholique et ressent l'appel au sacerdoce. Il fait des études philosophiques et théologiques en Avignon, à la Grégorienne de Rome et à l'Université de Louvain. Il est ordonné prêtre en 1983 pour le diocèse de Montpellier. Il fonde la communauté monastique de la Famille de Saint Joseph près de Lyon. Il raconte son itinéraire dans le livre L'expérience interdite, de l'ashram au monastère (préface de Mgr Léonard, évêque de Namur) paru aux éditions Saint Paul en 1998. Vous y trouverez un excellent exposé, très clair, de la Foi catholique et une critique éclairée du Boudhisme.

Une volonté farouche d'indépendance, caractéristique de notre temps.
" Le dieu qui s'annonce sur les décombres de la religion chrétienne n'est autre que l'homme lui-même, qui découvre avec fierté, à l'écoute des philosophies romantiques, des traditions orientales et des doctrines néognostiques, son identité profonde avec le Soi divin. A la lumière de la Révélation, nous ne pouvons que dénoncer cette proposition qui constitue une redoutable tentation d'orgueil. Il s'agit en effet de la reprise à peine voilée du discours mensonger du Serpent des origines, qui faisait déjà miroiter à nos premiers parents: Vous serez comme des dieux possédant la connaissance de ce qui est bon ou mauvais (Gn 3,5).
Au niveau du comportement individuel, cet orgueil prométhéen engendre logiquement un individualisme absolu. La volonté farouche d'autonomie de nos contemporains les conduit à refuser toute autorité, en particulier dans le domaine éthique ou religieux. On comprend dès lors que la crise atteigne de plein fouet les instances où l'obéissance était traditionnellement respectée: la famille, les structures éducatives et la religion (…) Tous, nous sommes atteints par cette terrible pandémie de l'individualisme, dont les principaux symptômes sont le repli sur soi et l'indifférence aux autres."
Père Joseph-Marie VERLINDE, Parcours de guérison intérieure, tome 2, pp.22-23 (Presses de la Renaissance, 2005)

Les carences de la paternité: l'absence de ministère de paternité.

- Le père est absent par intermittence pour des raisons professionnelles: L'enfant s'accommode mal de cette situation en dent de scie, où l'autorité est vécue ordinairement par la mère, qui cède son rôle au père lorsque celui-ci réapparaît. D'autant plus que la mère aura tendance à confier à son mari la tâche de régler les conflits latents et de donner des directives fermes qui lui permettront de garder la maîtrise du foyer durant son absence. Dans ces conditions, la père apparaîtra inévitablement comme celui qui vient de temps en temps troubler un certain modus vivendi sans l'assumer lui-même, puisqu'il est absent. L'enfant peut par ailleurs se sentir trahi par sa mère qui se plaint auprès du père de ses écarts, et traité injustement par ce dernier, qui sévit sur simple parole. (…) Lorsque les parents sont séparés, l'enfant est confronté séparément au ministère paternel et maternel, de sorte que chacun de ces ministères se trouve amputé de la complémentarité de l'autre qui équilibrait son exercice. En fait, chacun des parents aura à assumer les deux rôles durant le temps où l'enfant lui est confié, car la tentation est grande de critiquer la façon d'agir de l'autre devant l'enfant, augmentant ainsi sa confusion et son angoisse.
- Le père est virtuellement absent: Que de pères sont virtuellement absents de leur foyer, ne rentrant que tard le soir, alors que les enfants dorment déjà, et quittant la maison avant leur lever! D'autres, harassés par une journée stressante, bousculent et repoussent leurs enfants en quête de contact. Et lorsque enfin ils parviennent à dégager quelques heures à leur consacrer, ils renoncent aux exigences de leur ministère de paternité, sous prétexte de ne pas gâcher ces rares moments de rencontre.
- Le père indifférent: D'autres sont physiquement présents au foyer (…) mais se révèlent incapables d'assumer leur rôle de père. Ils sont certes les géniteurs et les nourriciers de leurs enfants, mais là semble s'arrêter leur mission. Ils se déchargent complètement de l'éducation sur la mère, n'intervenant en rien et cachant leur impuissance derrière une façade de parfaite indifférence à ce qui se passe dans la maisonnée. Ils sont certes présents, mais totalement investis dans leurs propres préoccupations, vivant une sorte de vie parallèle sous le toit familial. L'enfant cherchera en vain à entrer en contact avec ce père fuyant le dialogue et dont il attend pourtant la parole libératrice.
- Le père "copain": Certains pères, enfin, n'ayant sans doute pas bénéficié eux-mêmes d'une authentique paternité, (…) esquivent carrément le ministère qui est le leur, essayant d'entrer dans le rôle du "copain" plutôt que du père.
Mais l'enfant ne cherche pas un camarade adulte: il revendique le droit à la paternité sans laquelle il ne peut se construire; le mépris qu'il nourrit pour ce père falot risque de s'incarner dans un comportement de rejet, voire d'hostilité, qui s'intensifie à mesure que "le père" redouble ses tentatives de proximité amicale.
- La figure dégradée du père: Dans certains cas extrêmes – un père alcoolique par exemple -, l'enfant peut évacuer de son horizon existentiel la réalité insoutenable de cette paternité dégradée. Mais il reste écartelé entre le mépris qu'il ressent pour cet homme en qui il refuse de reconnaître son père et l'intense culpabilité que ce sentiment engendre dans sa conscience.

Conséquences de l'absence du père:

"L'enfant risque de développer une personnalité sans armature ni structure, manquant de fermeté, de consistance, d'autonomie (…) Arrivés à l'âge adulte, le jeune homme ou la jeune fille se trouvent incapables de décider d'une orientation professionnelle ou d'un état de vie (…). S'installant dans l'éphémère, ils repoussent sans cesse au lendemain une décision qu'ils n'osent prendre, faute d'avoir découvert leur identité profonde.
(Isolement affectif) Ceux qui ont manqué d'autorité paternelle cherchent inconsciemment à retrouver dans les relations adultes le rapport fusionnel avec la mère auprès de laquelle ils se sentent sécurisés. Mais (…) la tendance narcissique domine. Aussi ces personnes éprouvent-elles de grandes difficultés à fonder un foyer ou à y demeurer fidèle.
Ajoutons que si la mère, après s'être "approprié" l'enfant, dénigre ou prend parti contre le père absent, elle rassemble les conditions pouvant conduire à l'homosexualité: privé de l'identification au père, l'adolescent est incapable de soutenir la confrontation à l'autre dans sa différence et va chercher son identité dans le miroir de l'identique.
(Quête de refuge) N'osant pas entrer dans le jeu de l'altérité, les personnes n'ayant pas joui d'une autorité paternelle structurante, chercheront toute leur vie un "sein substitutif" de celui de leur mère. L'imaginaire, les mystiques fusionnelles, l'alcool, la drogue sont autant de refuges dans lesquels l'adolescent, puis l'adulte, peut chercher à s'abriter pour échapper à l'exigence des relations interpersonnelles auxquelles il n'a pas été initié et qui sont pour lui source de tension, voire d'angoisse.
Humiliées par l'inadaptation sociale qu'elles éprouvent douloureusement, ces personnes sont aussi des proies de choix pour des mouvements sectaires dont elles reçoivent une identité d'emprunt et une structure de pensée toute faite.

P. Joseph-Marie VERLINDE, Parcours de guérison intérieure, T. 1, pp.121-127 (Presses de la Renaissance, 2003)

abbé L. (Bulletins paroissiaux de Tossiat, 5 et 12 octobre 2008).

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